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Catherine parce qu’elle n’avait rien à faire. Un voyage, les falaises, l’idée pure. Un voyage sur la matière, de l’abstrait sur des paysages connus. Faire la femme de haut en bas qui traverse la vie, une fille qui traverse l’espace, donner une autre dimension à l’oeil qui s’ouvre.
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On tourne et on rencontre une espèce de forêt de cheveux et de l’eau. Animale, en Provence, un buisson et la fille entre dans le champ de l’œil-objectif.
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Puis l’œil s’ouvre sur la forêt-chevelure et après...
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… c’est le haut de la tête avec de l’eau, un champ, des herbes, du soleil, non c’est plutôt la raie des cheveux, la tête est énorme, c’est le matin, la rosée sur les cheveux dans un champ
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Pénétrer, toucher le blanc de l’œil et les cils. Derrière, le cap au bout de la péninsule d’Athènes, le temple vers l’aérodrome, au coucher du soleil. 7 heures, peut-être le soir, la chronologie…comment savoir, l’anatomie c’est plus intéressant pour comprendre. Le même œil vu de face dans le coucher du soleil –il est dans la pupille- c’est un astre qui tourne dans –comment appeler ça ? non, on ne peut rien dire, c’est toujours pareil, on peut choisir , ça se fait tout seul.
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Un voyage, les dents, les cheveux, les lèvres, de la macro-photo. Quand on regarde tout bouge, la palpitation du cœur se ressent même au bout des dents, le moindre souffle, les cheveux.
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Tu ouvres la bouche, elle ouvre la bouche, des stalactites mouvants. Tu dis à la fille ne bouge pas et les palpitations deviennent plus fortes. La lèvre qui cache le reflet des dents. Horizon, falaise, falaise, désert.
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Les falaises de Dieppe, la dent et le nombril. On continue à descendre. On s’approche tout doucement des lèvres de Catherine et l’avoine sauvage…
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…et on entre dans une caverne où un cristal de sucre reste suspendu entre la langue et une dent. Le tube dans la bouche et le flash sur la joue qui devient transparente, un endroit impossible près du Bourget, une décharge…
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Ensuite une plaine, c’est très doux, un contraste, les courbes du cou, l’oreille comme un chardon. S’éloigner des cheveux, le voyage continue dans les cavernes ahurissantes de la bouche puis pente de lumière, puis satellites –fleurs autour de cette peau, on se heurte à des fleurs, à de la soie. Comment l’expliquer.
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On avale des millions de kilomètres, un mot. Un mot pour exprimer la distance entre la matière peau-terre et le ciel. De là on rencontre une épaule. S’éloigner encore.
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La fille est comme ça. La peau, c’est incroyable, tourner autour de l’épaule, arriver là, l’aisselle, à Vulcano. On n’imagine pas, en lumière normale –de la peau de porc- le long du bras.
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Le voyage. C’est la fin d’une journée, le crépuscule et on s’embarque à nouveau un matin où la main se confond avec la terre, le ciel, l’eau et là on touche au plus profond, la fusion –on dit fusion ?- des matières pour faire un paysage mouvant. Il y a le côté minéral, la transformation de la matière chair en matière minérale ? L’œil est démesurément ouvert On abandonne la peau en tant que tripotage, c’est la fin du Moyen-Age. Le Cosmos enfin.
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Au bout d’une heure, épuisé. Il faisait froid. Il ne fallait pas qu’elle bouge. L’eau montait. Les falaises. Fécamp pour trouver une espèce de relation entre le mouvant et… la main. On peut dire que c’est un animal, n’importe quoi. Mais ça fait partie du paysage. C’est une image. Ca ne veut rien dire. Des impressions : du froid et derrière quelque chose de pas si accueillant que ça. Grandiose, humide…
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La main se retourne dans le soleil. Comme des espèces de douces basaltes, des rochers polis, vivants et cet énorme pistil, elle est comme cette fleur. C’est la Grèce. Le coup de la main dans cette fraîcheur de flotte c’est comme sortir d’un tunnel, on glisse lentement sur la vase, il y a le froid et puis la panique. Et la main se retourne rocher d’où sort un arbre rouge qui me trouble.
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La fille. Le vent. Au milieu des ouvriers qui ramassaient des galets. Derrière, le sein. Là une espèce de vallée suspendue. Un défilé. On pénètre dans le défilé. Tu sens une coulée pour découvrir au loin, tout au bout, une planète où il y a mille horizons et c’est là, dans le fond, le corps d’une femme…
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Il fallait une fille qui n’ait pas d’énormes seins. C’aurait été monstrueux. Là, une falaise qui monte avec la cuisse et derrière son ventre et son sein il pourrait y avoir une caravane qui se baladerait là-dedans. Une cataracte solidifiée. Ce sein c’est le Parthénon.
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Là, le voyage, on s’éloigne, le satellite est masqué non il vaudrait mieux dire, un brouillard de soie cache les continents et c’est l’inconnu, un rêve, un cristal qui coiffe le sein, j’en sais rien...
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… l’idée de la goutte d’eau, on voit les couleurs, il avait une chemise bleu marine, un mirage…
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Une fenêtre, la descente. C’est un passage, rapide, une accélération, et on retombe vers le cratère.
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Et un cratère, le centre du monde de la femme on ne le décrit pas. Tout juste ce qui s’est passé avant. La mer vient de se retirer, l’eau coule autour du cratère et les myriades de soleils qui se réfléchissent.
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Une galaxie qui fuit, et les fleurs, un combat d’oiseaux dans cette espèce de forêt. Foison de fils d’acier. Les fleurs emprisonnées dans ces mailles d’acier, les plumes (la caresse dans un sens) effarouchées par l’endroit le plus secret de la femme la limite si …. Comme c’était dur, difficile, la violence de la paille de fer et les aigles noirs ; les coqs de combat et l’horizon, les herbes de l’automne et la semence dispersées, cette ouate qui flotte sur les près, les Ardennes…
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L’émotion générale, le centre de la découverte de ce corps, cette forêt cachée, mystère, violente, une contrée dangereuse ...
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… puis une autre vallée, cette fois gaie avec une fleur et puis, les soleils, un soleil dessiné sur un bras, un soleil naturel ensuite…
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Comment faire. Une confrontation entre l’allégorie du soleil-femme et l’astre. La contrée convoitée de l’homme et passant derrière le soleil on aperçoit une énorme colonne qui soutient le monde et…
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Le contact rude, qui fait mal, de la peau et du sable, une explosion de coquillages éclatés…
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Les nuées de soie qui un instant encore voilent la cuisse, un orage, une tourmente, de soie, avec –non, on ne peut rien dire d’autre – et on retourne toujours vers –les intempéries –pas le typhon- qui masqueront le paysage.
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Qui finalement se dépliera. Et enfin s’anime, brise les nuées et apparaît. Triomphe, le repos, le silence, la clarté réfléchie, la fin.
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L’extrémité céleste d’un corps féminin. La sortie du monde, de ce monde et l’éloignement on revient dans son cosmos. Le voyage prend fin
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L’œil se ferme, tout disparaît.