Pierre Boulat

Les Demeures Inspirées / 8 – Hector Berlioz

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Le refuge des Passions.

La Côte-Saint-André, en Dauphiné, est une bourgade tranquille où naquit le compositeur romantique français le plus célèbre, prophète aussi de la musique du XX° siècle. Une demeure bourgeoise, construite à la fin du XVIII° siècle, avec ses escaliers de pierre, ses poutres apparentes et une porte vitrée qui donne sur un balcon en bois, lequel relie toutes les pièces du premier étage et domine une petite cour où murmure une fontaine. Berlioz aimait le salon aux murs garnis de portraits d’ancêtres et la bibliothèque encombrée de livres classiques.

Son père, le docteur  Louis-Joseph Berlioz, quoique médecin peu ambitieux, est un humaniste cultivé, un royaliste « ultra », antinapoléonien et de surcroît, incroyant. Il lui enseigne tant la rhétorique et la philosophie que la médecine. « Si tu me promets, disait le docteur à son fils qu’il voulait voir devenir médecin, d’entreprendre sérieusement ton cours d’ostéologie, je ferai venir de Lyon pour toi une flûte magnifique… »

Plutôt petit de taille, chevelure sauvage d’un blond roux, nez bec d’oiseau, lèvres minces et serrées, l’air dur, ce fils de bourgeois de province s’ennuie dans la maison familiale et rêve d’un destin fulgurant.  Lorsqu’il la quittée à 18 ans il n’avait pour viatique qu’un flageolet, une flûte et une guitare : la musique l’habitait déjà. Il ne reviendra jamais y vivre. Mais dans cette maison, il portait déjà en lui ce qui allait devenir un de ses chefs-d’œuvre d’artiste maudit, sa « Symphonie Fantastique ».