Pierre Boulat
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Hotel Beau séjour
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Hotel Beauséjour, dans le quartier de la Montagne Ste Geneviève, vieux de plus de 4 siècles. C'est l'hôtel le moins cher de France. Avec ses douze chambres étroites, sommairement meublées, sans eau courante, ni chauffage central, sans téléphone ni aucun personnel pour faire le ménage ou vous servir, il est l'hôtel le plus recherché des artistes étrangers arrivant à Paris. D'ailleurs, la seule carte blanche qui puisse vous en ouvrir la porte c'est d'être un artiste recommandé à Madame Marabelle par un autre artiste de vos amis ayant déjà passé par là. -
Hotel Beau séjour
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Ancienne femme de ménage, Madame Marabelle est depuis 1930 la propriétaire de l'hôtel, qu'elle a acquis pour 40 000 francs. Madame Marabelle s'entête à ne louer qu'à des artistes étrangers qui, généralement sont très pauvres et n'arrivent pas à payer tout leur terme au moment de partir. Au bord du trottoir, Mme Marabelle presse son linge, sous le regard amusé de Jeanne Presse, une locataire. -
Hotel Beau séjour
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Ancienne femme de ménage, Madame Marabelle est depuis 1930 la propriétaire de l'hôtel, qu'elle a acquis pour 40 000 francs. Madame Marabelle s'entête à ne louer qu'à des artistes étrangers qui, généralement sont très pauvres et n'arrivent pas à payer tout leur terme au moment de partir. Dans sa chambre, Mme Marabelle, qui n'est pas logée à meilleure enseigne que ses clients, se réchauffe au pied d'un vieux poêle. -
Hotel Beau séjour
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Ancienne femme de ménage, Madame Marabelle est depuis 1930 la propriétaire de l'hôtel, qu'elle a acquis pour 40 000 francs. Madame Marabelle s'entête à ne louer qu'à des artistes étrangers qui, généralement sont très pauvres et n'arrivent pas à payer tout leur terme au moment de partir. Une tête mal peignée qui sort de la lucarne donnant sur l'étroit escalier de bois en colimaçon, une méchante paire de lunettes, c'est en général tout ce que ses clients voient d'elle. -
Hotel Beau séjour
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Ancienne femme de ménage, Madame Marabelle est depuis 1930 la propriétaire de l'hôtel, qu'elle a acquis pour 40 000 francs. Madame Marabelle s'entête à ne louer qu'à des artistes étrangers qui, généralement sont très pauvres et n'arrivent pas à payer tout leur terme au moment de partir. Sur les murs du petit bureau de Marabelle, les prix ainsi que la "déclaration des étangers", affichée dans tous les hôtels de France, une carte de Paris et une de la France. -
Hotel Beau séjour
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Ancienne femme de ménage, Madame Marabelle est depuis 1930 la propriétaire de l'hôtel, qu'elle a acquis pour 40 000 francs. Madame Marabelle s'entête à ne louer qu'à des artistes étrangers qui, généralement sont très pauvres et n'arrivent pas à payer tout leur terme au moment de partir. Sous un abord autoritaire et volontairement revêche, elle cache un coeur d'or et est très serviable. "Je suis un pièce unique" affirme-t-elle. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 3 - Jeanne Press. Elle est la seule locataire de l'hôtel qui ne soit pas une artiste. Elle vit depuis 10 ans dans une pièce de 3 mètres carrés et travaille comme ouvrière dans une grande usine de Plexiglass Alsthom, à Colombes: une journée harassante de 9 heures de travail debout à nettoyer des plexiglas. Avant de partir au travail, elle s'applique un peu de rouge à lèvre devant le miroir de sa chambre. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 3 - Jeanne Press. Elle est la seule locataire de l'hôtel qui ne soit pas une artiste. Elle vit depuis 10 ans dans une pièce de 3 mètres carrés et travaille comme ouvrière dans une grande usine de Plexiglass Alsthom, à Colombes: une journée harassante de 9 heures de travail debout à nettoyer des plexiglas. Avant de partir au travail, recherche nerveuse d'un mouchoir dans une petite armoire en bois où règne un désordre décourageant. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 3 - Jeanne Press. Elle est la seule locataire de l'hôtel qui ne soit pas une artiste. Elle vit depuis 10 ans dans une pièce de 3 mètres carrés et travaille comme ouvrière dans une grande usine de Plexiglass Alsthom, à Colombes: une journée harassante de 9 heures de travail debout à nettoyer des plexiglas. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 3 - Jeanne Press. Elle est la seule locataire de l'hôtel qui ne soit pas une artiste. Elle vit depuis 10 ans dans une pièce de 3 mètres carrés et travaille comme ouvrière dans une grande usine de Plexiglass Alsthom, à Colombes: une journée harassante de 9 heures de travail debout à nettoyer des plexiglas. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 5 - Juanita Page et Charles Teasdale. Ils sortent tous les deux d'une clinique psychiatrique. Il n'a que 22 ans et elle 23. Il fait de la céramique et de la poésie, elle des dessins industriels pour robes imprimées qui leur font gagner quelques sous afin de pouvoir continuer à travailler leur dessin et leur peinture. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 5 - Juanita Page et Charles Teasdale. Ils sortent tous les deux d'une clinique psychiatrique. Il n'a que 22 ans et elle 23. Il fait de la céramique et de la poésie, elle des dessins industriels pour robes imprimées qui leur font gagner quelques sous afin de pouvoir continuer à travailler leur dessin et leur peinture. Lui traine au lit pendant que Juanita se fait rapidement une tasse de café -
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Chambre n° 5 - Juanita Page et Charles Teasdale. Ils sortent tous les deux d'une clinique psychiatrique. Il n'a que 22 ans et elle 23. Il fait de la céramique et de la poésie, elle des dessins industriels pour robes imprimées qui leur font gagner quelques sous afin de pouvoir continuer à travailler leur dessin et leur peinture. Ils regardent par la fenêtre le temps gris qu'il fait dehors et cela ne les encourage pas à sortir affronter le froid. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 5 - Juanita Page et Charles Teasdale. Ils sortent tous les deux d'une clinique psychiatrique. Il n'a que 22 ans et elle 23. Il fait de la céramique et de la poésie, elle des dessins industriels pour robes imprimées qui leur font gagner quelques sous afin de pouvoir continuer à travailler leur dessin et leur peinture. Tous les matins Juanita se lave à l'eau glacée qu'elle va chercher à l'unique fontaine de l'hôtel. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 6 - Tyyne Talvo ( 25 ans) finlandaise. Elle est venue à Paris pour perfectionner sa technique de danseuse classique sur pointes. Tous les jours elle va de 11 heures à 14 heures au studio Wacker, chez Nora Kiss avec qui travaillent les plus grands danseurs de ballet du monde. Sur les murs de sa chambre, des lithographies peintes par son amie Tuulikki, destinées à l'illustration d'un livre que cette derrière compte publier sur l'hôtel. -
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Chambre n° 6 - Tyyne Talvo ( 25 ans) finlandaise. Elle est venue à Paris pour perfectionner sa technique de danseuse classique sur pointes. Tous les jours elle va de 11 heures à 14 heures au studio Wacker, chez Nora Kiss avec qui travaillent les plus grands danseurs de ballet du monde. Pour sa dernière soirée à Paris, elle a invité son amie Tuulikki Pietila, finlandaise aussi, et Mme Marabelle, à sabler le champagne au-dessous de ses maillots de danse séchant sur une corde. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 6 - Tyyne Talvo ( 25 ans) finlandaise. Elle est venue à Paris pour perfectionner sa technique de danseuse classique sur pointes. Tous les jours elle va de 11 heures à 14 heures au studio Wacker, chez Nora Kiss avec qui travaillent les plus grands danseurs de ballet du monde. Chez Nora Kiss, Tyyne Talco a pour camarades de cours des danseurs du Marquis de Cuevas. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 8 - Bruno Diemer Ce peintre allemand de 28 ans était officier dans la Luftwaffe. Il a exposé dans de nombreux salons parisiens qui lui ont valu de bonnes critiques. Mais sa peinture lui permet de joindre difficilement les deux bouts. Bruno bavarde avec un ami venu lui rendre visite tout en continuant à travailler. Parfois il condescend à demander une opinion sur ce qu'il fait. -
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Chambre n° 8 - Bruno Diemer Ce peintre allemand de 28 ans était officier dans la Luftwaffe. Il a exposé dans de nombreux salons parisiens qui lui ont valu de bonnes critiques. Mais sa peinture lui permet de joindre difficilement les deux bouts. Bruno Diemer travaille d'arrache pied quand il affronte une toile. Denise, l'amie de Sinclair lui sert parfois de modèle. -
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Chambre n° 8 - Bruno Diemer Ce peintre allemand de 28 ans était officier dans la Luftwaffe. Il a exposé dans de nombreux salons parisiens qui lui ont valu de bonnes critiques. Mais sa peinture lui permet de joindre difficilement les deux bouts. Bruno Diemer travaille d'arrache pied quand il affronte une toile. Denise, l'amie de Sinclair lui sert parfois de modèle. -
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Chambre n° 9 - George Sinclair Compositeur de musique américain agé de 32 ans, il chante dans le choeur de l'American Student's Social Center Music Group. Il est également lecteur aux Editions du Seuil et de temps en temps collabore à la traduction de romans et d'oeuvres diverses. Il répète dans sa chambre et étudie ses mouvements de lèvres et ses expressions de visage devant la glace de son armoire où se reflètent sa lampe à pétrole, et le portrait qu'a fait de lui Bruno Diemer son voisin. -
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Chambre n° 9 - George Sinclair Compositeur de musique américain agé de 32 ans, il chante dans le cheour de l'American student's social Center Music Group. Il est également lecteur aux Editions du Seuil et de temps en temps collabore à la traduction de romans et d'oeuvres diverses. George Sinclair a une copie existentialiste de 20 ans, Denise. Elle voit Sinclair presque tous les jours et, confortablement assis côte à côte sur son divan, ils discutent pendant des heures de tout et de rien tout en fumant comme des cheminées. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 10 - Raphael de Leon Ce mexicain est venu à Paris chercher "à vivre" , une ambiance, un climat qui seraient favorables à un développement qui s'arrêtait il ne savait où. Il avait commencé à étudier le piano, la peinture, puis l'art dramatique... et tout lâché. A bout de ressource et n'ayant pas trouvé ce qu'il cherchait, il s'apprête à rentrer chez lui. Sa chambe est une véritable cellule de prison . Il ne peut faire deux pas sans se cogner dans un des quatre murs de la pièce. Il retrousse les manches de sa chemise et fait lui-même sa petite lessive... avec de l'eau glacée. -
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Chambre n° 10 - Raphael de Leon Ce mexicain est venu à Paris chercher "à vivre" , une ambiance, un climat qui seraient favorables à un développement qui s'arrêtait il ne savait où. Il avait commencé à étudier le piano, la peinture, puis l'art dramatique... et tout lâché. A bout de ressource et n'ayant pas trouvé ce qu'il cherchait, il s'apprête à rentrer chez lui. Sa chambe est une véritable cellule de prison . Il ne peut faire deux pas sans se cogner dans un des quatre murs de la pièce. Parfois Bruno Diemer et George Sinclair bavardent avec le mexicain, à travers les barreaux de sa prison. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 11 - Richard Guston C'est un journaliste suédois correspondant d'une agence de presse suédoise. Il est le plus fortuné des pensionnaires de l'hôtel mais tient à habiter au Beau Séjour qui l'avait abrité, alors qu'il était étudiant à la Sorbonne. Il travaille beaucoup dans le désordre d'une armada de journaux, les pieds allongés sur sa petite table, devant sa machine à écrire : manières de journalistes européens copiant celles de leurs confrères américains. -
Hotel Beau séjour
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chambre n° 11 - Richard Guston C'est un journaliste suédois correspondant d'une agence de presse suédoise. Il est le plus fortuné des pensionnaires de l'hôtel mais tient à habiter au Beau Séjour qui l'avait abrité, alors qu'il était étudiant à la Sorbonne. Richard Gustonn est amoureux d'une jeune française Lucette Buisson employée par une agence américaine de voyages. Il l'avait connue à un bal de la Cité Universitaire il y a trois ans alors qu'il était étudiant. Elle vient le voir chez lui quatre fois par semaines. Lucette et lui s'engueulent sans cesse mais s'entendent à merveille -
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Chambre n° 12 - Joe Hedlund 17 ans, fils d'un maçon suédois. Il ne parle pas un mot de français et ne connaissait personne quand il a débarqué à Paris où il voulait étudier et travailler la peinture. Il a été pris sous l'aile protectrice de ses compatriotes qui l'ont recommandé à Mme Marabelle. Tous les matins il part pour la Grande Chaumière, bien emmitouflé, sa boite de peinture et son carnet de croquis sous le bras. -
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Chambre n° 12 - Joe Hedlund 17 ans, fils d'un maçon suédois. Il ne parle pas un mot de français et ne connaissait personne quand il a débarqué à Paris où il voulait étudier et travailler la peinture. Il a été pris sous l'aile protectrice de ses compatriotes qui l'ont recommandé à Mme Marabelle. De 9 heures à midi tous les jours il étudie le dessin et la peinture à l'Académie de la Grande Chaumière. Il est le plus jeune peintre de l'atelier. -
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Chambre n° 12 - Joe Hedlund 17 ans, fils d'un maçon suédois. Il ne parle pas un mot de français et ne connaissait personne quand il a débarqué à Paris où il voulait étudier et travailler la peinture. Il a été pris sous l'aile protectrice de ses compatriotes qui l'ont recommandé à Mme Marabelle. Joe déjeune tous les jours chez les "clodos" de la rue Mouffetard. Il trinque avec ses voisins de table, Jacques Bord et la vieille Louise Makaf, eux avec du vin, lui avec de leau pure. La vielle Louise est très bavarde mais Joe ne comprend absolument rien à ce qu'elle lui raconte. -
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Chambre n° 12 - Joe Hedlund 17 ans, fils d'un maçon suédois. Il ne parle pas un mot de français et ne connaissait personne quand il a débarqué à Paris où il voulait étudier et travailler la peinture. Il a été pris sous l'aile protectrice de ses compatriotes qui l'ont recommandé à Mme Marabelle. Il fait rapidement une toilette et boit dans l'unique fontaine se trouvant près de la porte d'entrée de l'hôtel. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 12 - Joe Hedlund 17 ans, fils d'un maçon suédois. Il ne parle pas un mot de français et ne connaissait personne quand il a débarqué à Paris où il voulait étudier et travailler la peinture. Il a été pris sous l'aile protectrice de ses compatriotes qui l'ont recommandé à Mme Marabelle. Joe évite souvent d'allumer son radiateur pour faire des économies et comme il grelotte de froid, il garde tout le temps son veston chez lui. Il écrit le soir à la lueur d'une lampe à pétrole en mordillant un minuscule sandwich au fromage. -
Hotel Beau séjour
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Chambre n° 12 - Joe Hedlund 17 ans, fils d'un maçon suédois. Il ne parle pas un mot de français et ne connaissait personne quand il a débarqué à Paris où il voulait étudier et travailler la peinture. Il a été pris sous l'aile protectrice de ses compatriotes qui l'ont recommandé à Mme Marabelle. Joe va parfois dans la chambre n° 11 de son voisin Richard Guston pour lui demander un conseil ou poser une question. Comme ils parlent la même langue ils sont devenus amis et le journaliste est devenu son ange gardien.
Hotel Beau Séjour, place de la Contrescarpe
Vieux de 4 siècles, c’était en 195 » », quand Pierre Boulat l’a photographié, l’hôtel le moins cher de France. Avec ses douze chambres étroites, sommairement meublées,sans eau courante, ni chauffage central,sans téléphone ni aucun personnel pour faire le ménage ou vous servir c’était aussi l’hôtel le plus recherché des artistes étrangers arrivant à Paris. D’ailleurs, la seule carte blanche qui puisse vous en ouvrir la porte c’était d’être un artiste recommandé à Madame Marabelle par un autre artiste de vos amis ayant déjà passé par là.
Sa propriétaire, Madame Marabelle, ancienne femme de ménage, l’avait acquis en 1930 pour une bouchée de pain. Elle s’entêtait à ne louer qu’à des artistes étrangers – Suédois, Américains Allemand ,Mexicain,Anglais – et menait son affaire à la baguette.dans cette tour de Babel, elle officiait comme marâtre à plein temps, confidente à l’occasion et parfois même critique d’art, quand le règlement de la note dépendait de la vente d’une toile. Mais, sous un abord autoritaire et volontairement revêche, elle cachait un coeur d’or. C’était une histoire de haine et d’amour à deux sous.