Pierre Boulat

Les Demeures Inspirées / 1 – Alain Fournier

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Une série sur les maisons où vécurent quelques uns des écrivains ou des artistes français les plus célèbres.

ALain Fournier, éternel adolescent dans la Sologne du « Grand Meaulnes ».

“Tout ce que je raconte se passe quelque part “, disait-il. Ce “quelque part”, villages de l’enfance ou domaine de l’amour, d’où cet écrivain, mort à 28 ans dans les premiers jours de la guerre de 14, s’est senti banni, c’est la Sologne. Les villages : La Chapelle-d’Angillon où il est né et qu’il a quitté à 5 ans, Epineuil, où ses parents sont nommés instituteurs et d’où il part pour Paris à 12 ans. La “longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, à l’extrémité du bourg” est toujours là ainsi que le puits où se débarbouillait le grand-père, le petit lit de fer d’Henri, (c’est son vrai prénom), la salle de classe où de son bureau sur l’estrade, “citadelle inexpugnable”, son père enseignait le savoir républicain à “l’armée alignée sur ses bancs”. “Tout cela, écrit Alain Fournier, voyez-vous, pour moi, c’est le monde entier et il me semble que mon cœur en est fait tout entier ». Lors d’un séjour en Angleterre, il note que les grandes maisons calmes de Londres ressemblent “à des châteaux de Sologne qui se toucheraient”. C’est celui de Cornançay qui lui inspirera le Domaine mystérieux d’Yvonne de Galais dans “Le grand Meaulnes ». De la Sologne, cet espace et ce temps rendus à jamais sensibles à son cœur, il dit un jour à un copain “C’est plus terrible et plus décisif que de te montrer une amante.”