Pierre Boulat

Vaux-le-Vicomte

-

C’était supposé être la plus grande pendaison de crémaillère de l’histoire.
L’hôte était Nicolas Fouquet, surintendant des finances de la France, le sujet le plus riche et le plus puissant du jeune roi Louis XIV. Avec son nouveau château, il allait offrir au roi et au monde un exemple suprême de ce que les richesses et le pouvoir pouvaient faire dans les domaines de la beauté, du goût et de la magnificence bien tempérée.

Alors que les châteaux de l’époque étaient de vieux châteaux agrandis de génération en génération, Vaux a été construit dans un style unifié conçu par le célèbre architecte Louis Le Vau. C’était un immense manoir de campagne, ouvert et accueillant, conçu pour le divertissement à l’échelle la plus grande possible. L’intérieur avait été conçu et exécuté par Charles Le Brun qui avait mis une touche d’élégance luxueuse et scintillante: les 250 tapisseries, les panneaux muraux peints et les moulures dorées, les meubles sculptés et brodés, les lustres, les bustes des empereurs romains. Des fenêtres et de la terrasse située de l’autre côté du bâtiment, l’œil pouvait voir un magnifique jardin d’un nouveau style, un paysage créé par l’homme, conçu par André Le Nôtre et dans lequel tout, y compris le château, était intégré.

Le 17 août 1961, le roi, la reine et tout le gratin de la cour assistèrent à la fabuleuse inauguration. Louis XIV était impressionné par la “Fête de Vaux”, comme le souhaitait son créateur, mais sous son extérieur souriant, qu’il savait maintenir en toutes occasions, il bouillait de jalousie et de rage. Depuis quelque temps, il examinait les livres de comptes de l’État et Jean Baptiste Colbert, qui était récemment devenu le commandant en second de Fouquet, lui montrait en détail à quel point d’énormes flux d’argent public tombaient entre les mains du surintendant.

Trois semaines après la fête, il convoqua Fouquet et le fit arrêter et conduire dans la forteresse de Pignerol dans les Alpes, où  il devait passer le reste de sa vie.
Vaux, qui avait pleinement prit vie au cours d’une soirée glorieuse, s’affaiblissait dans l’obscurité et se voyait peu à peu dépouillé de ses trésors. En 1875, un jeune homme l’acheta et s’attacha  à le restaurer jusqu’à la fin de sa vie.. C’et aujourd’hui son arrière petit-fils, le comte Patrice de Vogüe, qui en est le maitre.